Visage de femme

Ferdinand Schirren est le sixième enfant d’une famille juive originaire de Riga. Il suit les cours du soir à l’École de dessin d’Anderlecht dans la classe du sculpteur Jean-Baptiste De Keyser (1857- après 1927). Il s’inscrit ensuite en dessin à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles dans l’atelier de Joseph Stallaert (1825-1903) et en sculpture dans celui de Charles Van der Stappen (1843-1910). Ayant achevé sa formation auprès de Jef Lambeaux (1852-1908), Schirren débute sa carrière au Salon de Bruxelles de 1897. En 1904, il s’adonne à la peinture, à l’aquarelle et au dessin tout en poursuivant son œuvre de sculpteur. En 1905, il expose au salon des Indépendants à Paris où il découvre l’œuvre de Matisse (1869-1954), Derain (1880-1954) et Vlaminck (1876-1958). De retour en Belgique, il peint dans un style fauviste très personnel. Entre les deux guerres, ses peintures comme ses dessins et ses aquarelles témoignent d’un plus grand souci de synthèse, d’harmonie et d’introspection. Ses sujets de prédilection, notamment les scènes d’intérieur, les nus, les portraits de femmes et d’enfants, sont à la fois suggestifs et intimes.

Visage de femme appartient au style développé pendant l’entre-deux-guerres par l’artiste. Dans ce portrait sensible, les traits souples et évasifs expriment toute la fragilité et l’intériorité du modèle. Cette œuvre, tant par la technique que par la composition, place Schirren au sein de la mouvance Animiste. En 1942, le critique d’art Paul Haesaerts (1901-1974), porte-parole du mouvement, écrit à propos de ces peintres épris d’introspection et d’humanisme : « Désigner par le portrait le mystère de l’individu ; parler de l’équilibre, de l’efficacité, de la sensualité des corps ; chanter la méditation, la rêverie, le retour à soi-même ; […] ». (Haesaerts, P., Retour à l’humain Sur une tendance actuelle de l’Art Belge, L’Animisme, éd. Apollo, Bruxelles-Paris, p. 83).

Auteur : Association du Patrimoine artistique, C. Ekonomides, 2022