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Type d'objet
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Numéro d'inventaire
Identifiant Urban
Description
"La Maturité" est un groupe sculpté monumental en marbre blanc
de Carrare qui se présente comme un triptyque composé de six figures. Les
volumes sont distribués harmonieusement autour du personnage central, les deux
parties latérales se développant en miroir l’une de l’autre.
À l’extrémité gauche, une jeune fille agenouillée, nue et la tête ceinte d’une
couronne fleurie, porte la main à son visage pour humer le parfum d’une fleur.
Derrière elle se tient une femme vêtue d’un fin drapé ne découvrant que sa
poitrine. Elle esquisse un sourire et jette un regard en direction de
l’adolescente. La femme tient une opulente corbeille de fleurs dont le contenu
se déverse autour d’elle. Ces guirlandes végétales, composées de fleurs et de
fruits, se poursuivent à travers toute la composition et forment un lien entre
les six personnages. Au centre et à l’avant-plan, un homme barbu, supposé d’âge
mûr, trône sur un drapé qui couvre pudiquement la part la plus intime de son
anatomie. Son regard serein contemple le lointain. Le groupe de droite se
compose d’un jeune couple également dénudé, si ce n’est l’habituelle feuille de
vigne du jeune homme. Leurs mains se joignent, dans un élégant mouvement
d’ouverture des bras, qui répond, d’un point de vue formel, à la pose de la
femme de la partie gauche. Enfin, un jeune homme ponctue le groupe sculpté.
Assis, il se détourne du reste des personnages, ses jambes tombant à l’arrière
du soubassement. La tête cachée dans l’une des guirlandes végétales qui
traversent la composition, il porte la main à son flanc gauche.
"La Maturité" est une œuvre symboliste de tendance idéaliste. À l’opposé du réalisme et du naturalisme, cette orientation artistique entend incarner une beauté ennoblie ; l’œuvre est perçue comme le véhicule de valeurs morales et de vérités essentielles, immuables et universelles, transmises au travers d’une parfaite harmonie des proportions.
Pour cette sculpture, Victor Rousseau recourt au principe de l’allégorie – dispositif narratif et visuel fondé sur la personnification d’une idée abstraite à laquelle est associée une série de symboles et d’attributs plus ou moins identifiables. L’artiste matérialise sa vision de l’idée de maturité, en tant que principe absolu, universel et intemporel. Celle-ci est figurée par un homme d’âge mûr. Les cinq figures qui se déploient autour de lui, à l’arrière-plan, sont à considérer comme la toile de fond de sa pensée ; l’évocation de ce dont il se remémore avec la sérénité et la sagesse corrélées à ce stade de la vie. Ainsi, les quatre figures juvéniles incarnent des allégories probables de trois états caractéristiques de la jeunesse : l’éveil, l’union et le rejet ; tandis que la femme à la poitrine dénudée, qui répand des moissons de fleurs et de fruits, peut aisément être associée à l’image de la déesse-mère, nourricière et féconde, représentée depuis le Paléolithique.
C’est en 1913 que la Ville de Bruxelles décide de procéder à l’acquisition de "La Maturité". L’œuvre vient d’être présentée au salon du cercle "Pour l’Art" où sa réception a été particulièrement élogieuse puisque, comme en témoignent les articles d’époque, elle fut à plusieurs reprises considérée comme le « clou de l’exposition ». "La Maturité" est d’emblée destinée à orner le square à aménager entre les rues Ravenstein, Montagne du Parc et des Douze Apôtres, suite aux travaux de la Jonction Nord-Midi. Son placement central dans la ville est destiné à accroître le prestige de la capitale.
Nommé Marché au Bois, le square ne voit le jour qu’en 1922 : la Première Guerre mondiale a, en effet, interrompu le bon déroulement de son exécution. Il est le fruit d’une collaboration étroite entre trois représentants majeurs du monde artistique du début du XXe siècle puisque, en marge de l’œuvre Victor Rousseau (1865-1954 ) – considéré alors comme l’un des meilleurs sculpteurs belges en activité – la conception est due à l’architecte de la Ville de Bruxelles François Malfait (1872-1955), tandis que l’aménagement paysager est imaginé par l’illustre Jules Buyssens (1872-1958).
Sources
Bibliographie :
Discussion