Description

Cette sculpture en marbre de Carrare est l'œuvre du sculpteur Louis Samain qui a réalisé son modèle en plâtre en 1869, alors que, jeune élève académicien, il séjournait à Rome, sans doute influencé par le groupe antique du Laocoon (quoique le mouvement de torsion des corps et l'attaque des chiens s'inspirent fortement également du Milon de Crotone de Pierre Puget).
 
La version en marbre postérieure sur base du modèle en plâtre est offerte par l'État belge à la Ville de Bruxelles, à condition qu'elle soit placée sur une promenade publique (Le petit Bleu du Matin, 07.02.1895). Le socle en pierre bleue, en octogone à pans incurvés, est conçu par l'architecte E. Le Graive.

Le groupe sculpté est placé sur l'avenue Louise en 1895 (date de la signature), sur la berne centrale, à proximité de l'arrêt du tram 93 Legrand.

La scène, poignante – un esclave noir et son enfant attaqués par deux molosses – s'inspire du roman de Harriet Beecher-Stowe, La case de l'Oncle Tom paru d'abord sous forme de feuilleton en 1851, puis en livre à partir de 1852 et très rapidement traduit dans plusieurs langues. Le roman rencontra un très grand succès et ne tarda pas à être adapté au théâtre. 

On ignore le pourquoi de cette commande par le gouvernement belge 25 ans après la réalisation du modèle en plâtre. Notons qu'elle se situe entre la tenue de l'Exposition universelle d'Anvers de 1894 et celle de Bruxelles de 1897 où les "bienfaits de la civilisation belge au Congo" doivent y être vantés (afin notamment d'attirer les investisseurs). 
Le choix d'un sujet aussi violent, traité de manière aussi crue, semble paradoxalement à l'opposé du but recherché...à moins qu'il ne s'agisse ici d'une forme de dénonciation de l'esclavagisme, dénoncé et supposément combattu par le roi Léopold II en justification de la main mise sur le territoire du Congo ? Cependant ce n'est pas tant la violence de la scène qui semble avoir choqué les contemporains (néanmoins "émus" par "la tête du nègre") que le choix du "marbre blanc pour représenter un nègre" ou que la défense jugée trop molle de l'esclave "doué de biceps énormes" face à des "molosses" trop peu ressemblants à des chiens (Le Peuple, 12.06.1895).  Propos et indifférence propre à une mentalité d'une époque que l'on espère révolue...

Sources

DEROM, P. (dir.), Les sculptures de Bruxelles, Galerie Patrick Derom – Pandora, Bruxelles – Anvers, 2000, p. 99-100. 

DEROM, P., Les sculptures de Bruxelles. Catalogue raisonné, Patrick Derom Gallery, Brussels, 2002, p. 77.

inventaire du Patrimoine architectural - Région de Bruxelles-Capitale


Dossiers administratifs :
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Iconographie :
AVB_CI_W_08529, Carte postale, 1904
AVB_CI_W_08538, Carte postale, 1904
AVB_CI_W_08537, Carte postale, 1913
AVB_CI_W_08691, Carte postale, ca 1925
AVB_CI_C_09527, photo, 1962
IRPA_A002373, photo, 1913
IRPA_A0356343, photo, 1943
IRPA_A035635, photo, 1943
IRPA_A035636, photo, 1943
MRBAB_inv6473, photo du plâtre «Nègres marrons surpris par des chiens», par Louis Samain, 1869


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