Moulin Rouge - La Goulue

En 1891, la star du Moulin Rouge s’appelle Louise Weber, dite La Goulue. C’est une femme excentrique au charme sulfureux, une danseuse de cancan qui s’exprime avec une gouaille sans complexe. Avec ses jupons spectaculaires qu’elle fait virevolter autour de ses cuisses, elle met le tout-Paris à ses pieds.

Toulouse-Lautrec se voit confier la réalisation de l’affiche de son spectacle. C’est pour lui une grande première. Il représente La Goulue en plein Chahut, une sorte de cancan alors très à la mode. Le jupon blanc et le chignon doré de la danseuse captent tous les regards. Au premier plan, se dresse la silhouette grisée de son partenaire de danse, Valentin le désossé, célèbre danseur et contorsionniste. À l’arrière-plan, une guirlande de spectateurs se détache en ombres chinoises, tandis que des halos lumineux schématisés éclairent la salle.

Contrairement à Jules Chéret et à ses héritiers, Toulouse-Lautrec épure au maximum sa composition. Il ne conserve que les éléments essentiels qui feront son succès: des formes simplifiées, un trait vif, un cadrage fantaisiste des personnages, de larges aplats de couleurs cernés d’un trait noir et un monogramme qui évoquent les estampes japonaises très en vogue à l’époque.

L’affiche, lorsqu’elle paraît en ville, connaît un véritable triomphe. En quelques heures, elle assure la renommée de Toulouse-Lautrec dont la modernité fascine ses contemporains. Mort à l’âge de 36 ans, cet artiste brillant n’aura réalisé que 32 affiches parmi ses nombreux chefs-d'oeuvre, mais n’en aura pas moins révolutionné l’art publicitaire.