Tête de pêcheur

Fils du décorateur courtraisien Pieter Vandevoorde, Georges Vandevoorde apprend la menuiserie et suit les cours de sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Courtrai, auprès de Constant Devreese (Courtrai 1823 – Courtrai 1900). Après avoir travaillé dans divers ateliers locaux, il est engagé durant cinq années dans l’atelier de Julien Dillens (Anvers 1849 – Bruxelles 1904) à Bruxelles avant de collaborer avec Victor Rousseau (Feluy 1865 – Forest 1954) durant sept années. L’influence qu’exerce ce dernier sur Georges Vandevoorde se manifeste dans l’orientation symboliste d’une partie de son œuvre, et dans son style à la fois élégant et émouvant, pour reprendre Erik Engel et Mieke Marx, les seuls auteurs à avoir consacré quelques lignes à l’artiste. Georges Vandevoorde demeure un sculpteur éclectique, travaillant aussi bien l’ivoire, la terre, la pierre ou le bois, et participe régulièrement aux expositions et salons nationaux et internationaux. Il est l’auteur d’un certain nombre de monuments, dont plusieurs commémoratifs de la Première Guerre mondiale, entre autres à Molenbeek-Saint-Jean, à Gembloux et au Tir National de Schaerbeek. Enfin, il est professeur et directeur de l’Académie des Arts Décoratifs de Molenbeek. Parmi ses grands groupes les plus séduisants figurent L’Acte de mariage et La Déclaration de naissance qui ornent le hall d’entrée de l’hôtel communal de Schaerbeek.

Ce buste d’une tête de pêcheur est à rapprocher de l’une des figures du groupe Les Héros de la mer (non retrouvé, connu par une photographie publiée par Erik Engelen et Mieke Marx, VII, 2006, p. 3707). Ce dernier met en scène quatre pêcheurs flamands portant en procession un bateau de pêche sur leurs épaules. Nous ignorons le contexte de création de cette œuvre. Contrairement aux figures de ce groupe, qui ont la tête et les yeux baissés en signe de tristesse, le pêcheur de Schaerbeek a le tête haute et le regard portant au loin. Il est vêtu du ciré et du suroît à large bord recourbé couvrant le cou, caractéristiques des marins pêcheurs du littoral belge jusqu’à l’entre-deux-guerres. On retrouve aussi le collier de barbe sous le menton commun aux pêcheurs de la mer du Nord. Le sculpteur est parvenu à saisir la force tranquille de l’homme de la mer, souvent confronté aux éléments. Georges Vandevoorde a laissé volontairement les traces du travail de modelage comme pour accentuer le puissance brute et authentique du personnage. Un second exemplaire en bronze du buste est passé sur le marché de l’art en 2021.

Auteur : Association du Patrimoine artistique, A. Jacobs, 2022